Dans ce seule en scène, Fanny Krähenbühl s’empare de La Cadette pour la transformer en sa «Fury room» personnelle. Dans ces petites chambres aménagées et insonorisées, les citoyen·nes peuvent, pour une modique somme, défoncer du matériel quotidien avec pour objectif un développement personnel.

La comédienne devrait donc en ressortir mouillée de sueur dans une douce euphorie post-cathartique. Pourtant, il y a dans ces espaces confinés une mise à nu d’émotions à la fois diabolisées, insupportables, violentes, cachées mais aussi nécessaires et salvatrices pour notre société.

Fanny Krähenbühl, Biennoise issue de la Scuola Teatro Dimitri, met à profit le potentiel aussi spectaculaire que salvateur de sa rage. Avec une bonne dose d’humour, elle passe par tous les états, se laisse provoquer par le monde dans toute sa « couillonnerie épaisse », sans faire semblant d’être supérieure. Puisque c’est peut-être par la honte et la pudeur vis-à-vis du monstre furieux qui nous habite que nous devenons des animaux dociles, politiquement désactivés, criant seul·es nos angoisses dans une Fury room insonorisée, à 30 francs le quart d’heure... alors que dehors, rien ne change.

Ce spectacle est soutenu et lauréat du concours 2024 de PREMIO- Prix d’encouragement pour les arts de la scène.